Le Taxi est décidément de plus en plus remis en cause. Après les affaires contre les VTC, leur comportement avec les handicapés visuels possesseur de chien guide n’évolue pas. La communauté a beau se battre depuis des années, rien ne bouge. En témoigne, dimanche dernier, l’histoire de John Bishop et de son chien guide d’aveugle.
Les faits
Cette scandaleuse histoire s’est passée dimanche dernier vers 2H du matin, à Regina au Canada dans la région de Saskatchewan. John Bishop et son chien guide ont passé la soirée dans un bar. Les deux chauffeurs de taxis à qui il a demandé de le ramener l’ont refusé. Ces deux chauffeurs de Taxi font partis de deux entreprises de Taxi différentes. C’est finalement Matt Vandeven, un client du bar qui l’a ramené chez lui. Matt Vandeven, comme bon nombre de personnes indirectement concernées, n’était pas au courant de ces pratiques et se dit révolté par le comportement inacceptable de ces deux chauffeurs de Taxi.
John Bishop précise que ce n’est pas malheureusement pas la première fois qu’il subit ce type de discrimination. Il demande simplement aux chauffeurs de faire leur travail et d’être plus tolérants.
Il serait bien qu’ils soient plus tolérants et plus humains
On pourrait comprendre qu’un chauffeur n’accepte pas un aveugle accompagné de son chien guide d’aveugle si il était vraiment allergique, mais c’est très rarement le cas et ils utilisent souvent cette excuse pour ne pas embarquer des aveugles et leur chien guide.
Des taxis de plus en plus controversés, pour les aveugles : Taxi ou VTC ?
Après les histoires de VTC (voiture de tourisme avec chauffeur) en France et à plusieurs autres endroits de la planète, les taxis sont de plus en plus remis en question. Leur monopole est insupportable, leur service se contente du stricte minimum et leur comportement est très souvent borderline avec les clients.
L’allergie aux poils de chien est une maladie très répandue chez les chauffeurs de taxi
« L’allergie aux poils de chien est une maladie très répandue chez les chauffeurs de taxi » rapporte Delphine Harmel-Cheminée. Delphine est chargée de mission au Ministère de la Culture et elle ne se déplace jamais sans Edel, son chien guide. Malheureusement, son statut ne l’empêche pas de connaître des désagréments avec les taxis. Delphine nous raconte l’une de ces anecdotes ubuesques.
« Le chauffeur me dit : « on va faire monter le chien d’abord ». Au moment où le chien monte, je comprends qu’il s’agit du coffre, et pas des places à l’arrière. Pourquoi pas. Le chauffeur referme le coffre. La première chose que je fais en m’asseyant dans la voiture, c’est de tendre la main pour caresser mon chien. Et avec horreur, je me rends compte que c’était complètement fermé, que mon chien a été enfermé dans le coffre de cette voiture comme une vulgaire valise. J’ai eu une réaction très violente, causée par la prise en compte du danger que courait mon chien à effectuer le trajet dans le coffre : je me suis sentie étouffée comme si c’était moi qu’on avait mis dans le coffre. »
Bernadette Pilloy de l’Association nationale des maîtres de chiens guides d’aveugle (ANMCGA), reconnaît que la société Uber fait des efforts. « La société Uber, qui avait refusé des chiens guides au début, a fait des progrès, » assure-t-elle. « Aujourd’hui, un certain nombre de maîtres de chiens guides utilisent Uber sans problème. Mais ça ne s’est pas arrangé tout seul, ça s’est arrangé parce que nous avons protesté. »
Delphine partage ce constat : « J’ai utilisé Uber 3 ou 4 fois, je n’ai jamais eu de difficultés et je suis toujours tombée sur des gens très gentils. C’est peut-être une solution. »
Faire évoluer les mentalités
Nous connaissons le même type de problème en France où régulièrement la chronique s’étoffe.
La loi précise que les chiens guides accompagnent leurs maîtres dans les transports terrestres et sans surcoût grâce à un amendement qu’elle a fait voter en octobre 2004. Elle rappelle que les chiens guides ne sont pas de simples animaux de compagnie mais orientent, veillent à la sécurité, font éviter les obstacles et les imprévus à leur maître pendant leurs déplacements.
Or, la plupart du temps, cette sanction n’est pas appliquée. En effet, les personnes discriminées ne peuvent pas relever le numéro du taxi et le porter à la connaissance des services de la préfecture de police ou de l’autorité concernée sauf si le chauffeur accepte de donner son numéro minéralogique et reconnaît qu’il refuse de prendre la course compte tenu de la présence du chien.
les personnes discriminées ne peuvent pas relever le numéro du taxi
En 2012, on se souvient de la pétition qu’avait adressée Maudy Piot, (la présidente de l’association « Femmes pour le dire, femmes pour agir » qui soutient les femmes handicapées), aux compagnies de taxis et aux pouvoirs publics.
Les textes applicables aux chauffeurs de taxis précisent qu’un conducteur a le droit de refuser des voyageurs accompagnés d’animaux, à l’exception des aveugles et de leurs chiens guides.
Selon Mme Piot, psychanalyste et aveugle elle-même en raison d’une maladie génétique évolutive, les conducteurs prétextent le plus souvent qu’ils sont allergiques aux poils de chien, que l’animal va leur salir leur véhicule ou que celui-ci est trop petit.
Bien au delà de ça, c’est l’acceptation du chien guide absolument partout qui doit être la norme. En témoigne ces statistiques accablantes :
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